mercredi 23 octobre 2013

Viols en Inde: une révolution sociale en marche ?

Cette ligne d'appels, mise en place à New Delhi,
croule sous les appels de femmes en détresse
qui osent maintenant dénoncer ces agressions.

Le 16 décembre dernier, quand six hommes aveuglés par l'alcool et leur frustration sexuelle ont assailli et violé une jeune étudiante de 23 ans dans un bus, ils ne pouvaient se douter que leur acte odieux allait contribuer à changer la manière dont on regarde les femmes en Inde. 
Pourtant, c'est ce qui semble être en train de se dérouler sous nos yeux. A un rythme aussi subtil et lent  que le permet ce pays immense aux niveaux sociaux si éclatés, mais dans un sens irréversible.  

Plus de dix mois après ce crime, non seulement les cinq violeurs encore en vie ont été condamnés (un mineur à trois ans d'incarcération et les autres à la peine de mort, alors que le sixième s'est pendu dans sa cellule), ce qui est extrêmement rapide pour la justice indienne. Mais surtout, la parole des femmes commence à se libérer, ouvrant la voie à une guérison sociale progressive. 

Une preuve de ce changement: entre janvier et juin de cette année, les plaintes pour viol à New Delhi ont été multipliées par trois. Difficile d'imaginer que le nombre réel de crimes ait augmenté aussi rapidement. C'est donc que les viols sont davantage rapportés par leurs victimes et pris en compte par les autorités. 

Le débat qui a suivi l'outrage causé par cet horrible viol collectif aura donc servi de catharsis salutaire à une société qui se modernise à grande vitesse mais vit encore, en grande majorité, selon des modèles patriarcaux moyenâgeux. 

"Auparavant, quand une femme était violée, elle n'osait pas en parler, car elle savait que tous les doigts seraient pointés sur elle. Elle porterait la faute. Aujourd'hui, la société, les médias et les institutions ont changé leur regard et portent leur attention sur l'auteur du crime", confirme Khalidjah Faruki, militante féministe depuis vingt ans et responsable du nouveau centre d'appels 181, destiné aux femmes en détresse. 

La femme violée n'est plus coupable. Elle est donc libre de parler. Cette prise de parole, initiée par une jeunesse éduquée et révoltée de New Delhi, mettra du temps à se propager au reste du pays. Mais soyons optimistes pour une fois, et croyons que, dans cette société indienne en perpétuelle ébullition verbale, ce changement ne s'arrêtera pas aux murs invisibles des grandes villes. 


Suivez-moi là où ce changement s'opère de manière flagrante, de jour comme de nuit : dans le centre d'appels et d'assistance juridique destiné aux femmes en détresse, ouvert par la région de New Delhi en janvier dernier. Là où les appels pleuvent et les premiers espoirs naissent. 

Le reportage audio est ici, et pour aller plus loin, voici la version écrite. 
  

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