L'Inde
connaît depuis plus d'un an un ralentissement économique
inquiétant, avec une croissance tombée au plus bas depuis dix ans.
La troisième économie asiatique souffre maintenant d'une autre
hémorragie ; les investisseurs étrangers commencent à quitter le
navire. Déçues par le potentiel de croissance indien, mais aussi
par les lourdeurs administratives et la corruption, certaines grandes
compagnies étrangères sont revenues de leur rêve indien.
L'entreprise
la plus récente à annoncer son retrait est bien connue dans
l'Hexagone : il s'agit d'ArcelorMittal. Le leader mondial de la
sidérurgie vient en effet de jeter l'éponge. ArcelorMittal,
contrôlé pourtant par l'Indien Lakshmi Mittal, cherchait depuis 2006 à ouvrir sa première aciérie dans le pays.
Il prévoyait d'investir en tout 9 milliards d'euros, l'un des plus
importants investissements étrangers des dernières années en Inde.
Le
groupe avait déjà signé plusieurs contrats avec les autorités
locales, mais il a été découragé par les délais extrêmement
longs pour obtenir les terrains nécessaires et les droits
d'exploitation du minerai. ArcelorMittal affirme
poursuivre ses efforts pour ouvrir une première usine dans deux
autres Etats indiens, le Karnataka et le Jharkhand.
Ce
cas est loin d'être isolé : la même semaine, un autre projet de
sidérurgie engagé par le coréen Posco, a aussi été annulé, pour
des problèmes similaires.
Mais
d'autres secteurs sont également concernés. On peut citer la banque
suisse UBS, l'américaine Morgan Stanley, ou le fabricant
d'équipement de télécoms anglais Augere Wiresless. En tout, les
investissements directs étrangers en Inde ont chuté de 27 % en
un an seulement.
Crise
économique et corruption
En
cause, il y a bien sûr le ralentissement économique mondial, qui
oblige les multinationales à investir avec parcimonie. Le français
Peugeot avait par exemple annoncé il y deux ans la construction
d'une usine dans le nord de l'Inde, mais a dû suspendre ce projet à
cause de ses mauvais résultats en Europe.
Mais
il n'empêche. Pendant cette même période, les investissements
étrangers en Chine, eux, ont bondi de 20 %. Il y a donc un problème indien,
et il est lié à une administration vétuste et corrompue.
L'acquisition
de terrain reste le principal problème. La loi qui l'encadre est
complètement obsolète, car elle date de l'époque coloniale. A
cela, il faut rajouter les nombreux pots-de-vin qu'il faut payer à
chaque étape et qui retardent les procédures. La Banque Mondiale a ainsi placé l'Inde au 173e rang mondial, sur 185 pays, dans son
classement de la facilité de démarrer une activité dans le monde.
Une
réponse législative ?
Une
des réponses peut être législative. Le Parlement, en session ces
jours-ci, a l'opportunité d'adopter plusieurs lois, qui encadreront
plus efficacement l'achat de terrains pour les industries ou qui
mettront en place un organe anticorruption pour punir les
fonctionnaires en cause.
Mais
là encore, le parti du Congrès, à la tête du gouvernement, est en
minorité dans les deux chambres et semble trop faible pour cela. Il
faudra peut-être donc attendre les élections de l'année prochaine
pour voir apparaître un nouvel élan politique et économique.
Chronique publiée sur RFI
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