lundi 5 janvier 2015

La vague de conversions à l'hindouisme, le côté obscur du gouvernement Modi ?


"On ne peut pas être indien si on n'est pas hindous". Voici l'idéologie fondamentale de millions de militants des groupes de "volontaires", "éducateurs" et autres associations de bienfaisance affiliés à l'hindouisme. Ils s'appellent RSS, VHP, ou Bajrang Dal et sont généralement très bien intégrés dans le tissu social des campagnes indiennes, où ils servent de boy-scout ou professeurs, offrant toute sorte d'activités scolaires ou extra-scolaires aux jeunes. 
Narendra Modi, le Premier ministre élu en mai dans un raz-de-marée, est un enfant de cette ligne idéologique, et même s'il a réussi à faire oublier cette affiliation en menant campagne sur des thèmes économiques, elle constitue toujours le socle de son être. 
La centaine de musulmans d'Agra,
 frauduleusement convertis à l'hindouisme,
vivent dans une décharge,
où ils trient et revendent les déchets. © SF
Cet élément est remonté à la surface de l'actualité quand, en décembre, le groupe du Bajrang Dal a été accusé d'avoir converti, de manière frauduleuse, une centaine de musulmans pauvres de la ville d'Agra à l'hindouisme : selon les témoignages de ces trieurs de déchets floués, les militants hindouistes les ont fait venir à une cérémonie pour recevoir des aides sociales, et se sont retrouvés aspergés d'eau du Gange par un prêtre. 



L'un des organisateurs de cette manifestation dément avoir trompé ces familles. Avant d'expliquer que, de toutes les façons, ces Indiens étaient des hindous à l'origine, et qu'ils doivent donc "revenir à la maison" - "Ghar Vapsi" en hindi.  
Cette expression est au centre du débat en ce moment. Un débat que les groupes hindouistes essaient donc de redéfinir: pour eux, ces cérémonies ne sont pas des conversions, mais de simples retours dans le foyer originel pour des individus qui ont été floués, payés ou convertis de force à l'islam et au christianisme. Leur mission serait donc de rectifier cette erreur. 
Sans entrer dans le débat sur la véracité de ces conversions forcées du passé, ou même sur ces affirmations comme quoi chaque Indien descend du dieu Ram, les opérations de reconversion actuelles  soulèvent une question centrale: quels choix ont aujourd'hui ces familles, quand on sait que ces militants visent eux-mêmes des personnes pauvres et influençables, en leur promettant des avantages en nature s'ils délaissent le Coran pour la Gita ?     


Narendra Modi ne s'est pas exprimé sur cette question, alors que l'opposition a été jusqu'à bloquer le travail parlementaire pour le pousser à le faire. Et ce silence inquiétant ne rassure pas les minorités musulmanes et chrétiennes qui aimeraient oublier que ce Premier ministre était le Ministre en Chef  du Gujarat quand plus de 1200 musulmans y ont été massacrés lors des pogroms de 2002. 


Pour écouter ces familles musulmanes victimes de ces reconversions frauduleuses, voici mon reportage. 

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