jeudi 19 janvier 2012

Dharavi, un bidonville qui vaut des millions


C'est un bidonville. Mais pas comme les autres. 
C'est une pépite gardée à l'état brut, recouverte de tellement d'impuretés et de salissures qu'il est impossible de voir sa qualité à l'oeil nu, d'évaluer sa valeur, même au toucher. Rares, de toutes façons, sont les personnes extérieures qui viendront plonger leurs mains dans cet océan anarchique.
Les yeux du monde entier, pourtant, se sont attardés sur Dharavi, bête de scène exceptionnelle et lieu de la naissance inédite du mélange entre Hollywood et Bollywood, au travers du film de Danny Boyle, "Slumdog Millionaire". Nos millions de jambes virtuelles se sont fatiguées à courir avec les petits enfants crasseux, dans ces ruelles étroites et interminables, dans les allées frénétiques qui regorgent d'une activité incessante. 
Mais une fois la lumière revenue dans la salle de cinéma, les spectateurs ébahis n'avaient pourtant pas pu voir la vraie couleur de l'or qui se cache dans ces rues, qui accueillent plus de 700 000 habitants, pour en faire l'un des plus grands bidonvilles d'Asie.
 



  























Dharavi représente l'un des poumons industriels de Bombay : c'est dans ces ruelles souvent trop étroites pour laisser se croiser deux personnes, qu'est recyclé une grande partie du plastique, de l'aluminium ou d'autres déchets de cette ville tentaculaire. Les restes de jouets, de pare-chocs de voitures brisés ou de ventilateurs laissés pour morts sont récupérés, transportés, recassés, triés, broyés, fondus, puis finalement remodelés pour une deuxième vie sous la forme de poignées de parapluie, de chaises en plastique.
A la nuit tombée, quand le bruit de la broyeuse de plastique s'arrête, c'est une autre mélodie qui s'élève; celle des machines à coudre les milliers de jeans qui sont préparés pour habiller les "Mumbaikars".   
Finalement, repus de tant de bruit, les migrants du Bihar vous ouvriront un atelier sombre et calme, où des dizaines de jeunes petites mains travaillent les broderies dorées d'une tunique commandée par un riche qatari. 
Le bidonville de Dharavi, c'est aussi tout cela; une usine informelle et bruyante qui crée certainement plus qu'elle ne vole, et engendre un chiffre d'affaires estimé à 500 millions d'euros par an. 

Mais cet équilibre de vie improvisé est en pleine mutation. Car Dharavi, fondé de manière informelle il y a près d'un siècle par les migrants sur d'anciennes mangroves en bordure de Bombay, se retrouve aujourd'hui en plein coeur de la capitale économique et financière d'une Inde en pleine croissance. A deux pas, par exemple, du nouveau quartier d'affaires de Bandra-Kurla Complex, avec sa bourse aux diamants, ses grands hôtels et consulats. Les 2 hectares de Dharavi valent donc de l'or. Et les entrepreneurs lorgnent sur ces terrains avec envie.

De nombreux plans de relogement ont été dressés pour reloger ces squatters légalisés, et optimiser commercialement ces terres. Le plus avancé est celui de Mukesh Mehta, qui a été approuvé en 2007, avant d'être suspendu lors de la crise financière de 2008.
Aujourd'hui, ce plan pourrait être relancé, sous une nouvelle forme. Cela serait alors toute la vie de ces centaines de milliers de personnes qui serait complètement chamboulé, et obligerait de réinventer toute son économie. 

Entrez dans le monde fascinant de Dharavi par ce diaporama, et venez écouter ce que pensent les habitants des nouveaux plans de relogement, dans ce Grand Reportage diffusé sur RFI. 
 




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