New Delhi a paré au plus urgent, grâce à une manoeuvre politique assez habile de Narendra Modi. Lors de sa visite en France, le Premier ministre indien a annoncé hier que son gouvernement allait acquérir 36 chasseurs Rafale de manière directe, par une acquisition "gouvernement à gouvernement", faisant fi, pour l'instant, de la pénible négociation pour l'achat de 126 avions.
L'Inde est en "négociations exclusives" avec Dassault depuis trois ans pour cet achat colossal, qui devrait s'élever à plus de 15 milliards de dollars. 18 chasseurs devaient être fournis directement par Dassault et les 108 autres auraient été fabriqués à Bangalore par Hindustan Aeronautics Limited (HAL) sous licence. Ce qui aurait non seulement dynamisé l'industrie locale mais offert également un transfert de technologies pour la construction de ces engins de haute technologie.
Cette ambition semble avoir été démesurée, en tout cas pour le moment. Depuis trois ans, les acteurs n'arrivent pas à résoudre plusieurs problèmes: comment créer tout un écosystème de fournisseurs de pièces détachés pour assembler cet avion de chasse; qu'est ce qui sera inclus dans le transfert de technologies ; et surtout, quelle responsabilité de Dassault envers ces avions fabriqués en Inde ? New Delhi voulait qu'elle soit totale, Dassault refusait catégoriquement.
En attendant, l'armée de l'air désespère : elle a un besoin urgent de ces avions, car sa flotte est tombée à 34 escadrons de chasseurs (environ 680 avions), alors qu'elle aurait besoin de 44 escadrons minimum pour défendre ses frontières sensibles avec la Chine et le Pakistan. Les premiers Rafale pourraient être incorporés dans l'armée indienne dans deux ans, selon le ministre indien de la Défense. Juste au moment où 14 escadrons de MIG obsolètes doivent être retirés de la circulation. Il semble que New Delhi n'a pas fini de taper à la porte de Dassault et consorts.
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